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COLLOQUE UNIVERSITE FRANCAISE EGYPTE

Appliquer le concept de biorégion à une médiathèque 3e lieu, c’est imaginer un équipement culturel écologique, participatif et décolonisé. Il s’agit d’un espace qui ne fige pas les cultures mais les met en mouvement, en articulant écosystèmes, mémoires locales et droits culturels. La médiathèque devient alors un outil de cohésion sociale, d’appropriation du territoire et d’enrichissement collectif. Cette réflexion s’appuie sur des expériences concrètes issues de trois schémas directeurs de lecture publique menés à Mayotte, en Guadeloupe et en Guyane, conçus par l’agence culturelle Caravansérail.

1. La biorégion : architecture et ancrage territorial

Concevoir la médiathèque comme une “maison du territoire” implique de rompre avec le modèle de bâtiment générique. L’architecture est pensée à partir des caractéristiques locales : matériaux, climat, paysages, savoir-faire artisanaux. Inspiré des travaux de Peter Berg et Raymond Dasmann, il s’agit de relier l’équipement culturel aux points nodaux de la biorégion : fleuves, forêts, sols, arbres remarquables. La médiathèque devient un prolongement de l’écosystème, plutôt qu’un objet posé sur celui-ci. L’espace est conçu comme un lieu de vivre-ensemble où l’on éprouve concrètement les liens entre culture, environnement et cohésion sociale.

2. Décoloniser la médiathèque

Décoloniser la médiathèque suppose de rompre avec une politique d’acquisition dominée par les logiques éditoriales hégémoniques — notamment celles des rentrées littéraires et des grands circuits commerciaux. Comme l’a montré Thierry Discepolo dans La Trahison des éditeurs, cette dynamique favorise la concentration des catalogues, la standardisation et l’appauvrissement de l’offre culturelle. Il s’agit donc de dépasser cette « asphyxie culturelle » (Dubuffet) en privilégiant la co-construction des savoirs : habitants, associations, praticiens, artistes et chercheurs deviennent contributeurs du fonds documentaire. Valoriser des savoirs situés — écologie locale, pratiques artisanales, mémoires de luttes, récits de vie — ne relève pas du folklore. C’est reconnaître des droits culturels vivants et pluriels, en lien direct avec le territoire. Développer des services et des collections atypiques et participatives permet de refléter la diversité culturelle du territoire et de la faire vivre.

3. Droits culturels, appropriation et cohésion

La médiathèque biorégionale se définit comme un outil de démocratie culturelle. Elle n’est plus seulement un lieu de diffusion, mais un espace où les habitants exercent leurs droits culturels en produisant, partageant et transmettant leurs savoirs. Elle devient un lieu d’émancipation et de cohésion : on y apprend des autres, on y confronte des récits et l’on invente de nouvelles formes de citoyenneté enracinée. L’enjeu dépasse la conservation patrimoniale : il s’agit de revitaliser les cultures locales, en connexion avec la biorégion et la communauté.

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